Ce matin, j’ai rendez-vous pour un examen de contrôle à la clinique. Tout est calme, silencieux, quand soudain… des cris, des hurlements, un petit garçon de 3 ans se met à hurler. Les cris se multiplient, soudain rejoints par les cris de la maman.

« Tu vas arrêter, oui ? Tout le monde nous regarde. Tu veux que je te mette une claque devant tout le monde ? »
Les cris redoublent, ceux de l’enfant et ceux de sa maman. J’hésite à me lever et dire simplement à la maman « Essayez de lui faire un câlin ? », mais j’hésite, bien persuadée que je ne serai pas accueillie avec un grand sourire de gratitude…
Je ne vois pas la scène, mais j’entends une dame intervenir poliment « ce n’est qu’un enfant de 3 ans, on peut lui parler avec de la douceur et de la compréhension, il est petit… »
Cela ne change rien, l’enfant crie, la maman crie, le papa crie lui aussi, la dame a dû partir.
J’entends la maman grommeler : « Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, c’est mon gosse, je fais ce que je veux ».
Mais… Est-ce que réellement elle fait ce qu’elle Veut, ou, est-ce que comme beaucoup d’entre nous, elle fait ce qu’elle Peut ?
Petit à petit les choses s’apaisent, l’enfant comme ses parents. Et j’entends cette maman qui menaçait quelques minutes plus tôt parler avec beaucoup de douceur à son fils, et ils s’éloignent ensemble tranquillement.
Loin de moi l’idée de juger cette maman, parce que dans cette maman ce matin, j’ai reconnu la maman que j’étais il y a quelques années encore. Avant mes formations, avant le travail que j’ai fait sur moi, avant tout ça.
Je me souviens de la sensation de panique quand mon fils faisait une colère, la chaleur qui m’envahissait, les émotions qui débordaient, la conscience de tous ces yeux braqués sur moi, mi-amusés, mi-critiques. Mon envie de fuir droit devant, de coller mon fils sous mon bras et partir en courant. Et qu’il se taise, qu’il se taise, bon sang !!
Comment est-ce que j’aurais pu l’aider à gérer ses émotions d’enfant alors que moi-même, j’étais dépassée par mes émotions d’adulte ? Pourquoi on ne m’avait pas livré le mode d’emploi, la bonne manière de faire ?
A quelques chaises de moi était assise une jeune femme, enceinte. Je l’ai vue se redresser en entendant la scène. Que s’est-elle dit à ce moment précis ? « Oh mon Dieu, ça va être ça quand il sera né ? » ou encore « Promis, je serai une meilleure maman, jamais je ne ferai ça ».
Cela, on se l’est toutes dit. Il n’y a pas de meilleurs parents que ceux qui n’ont pas d’enfants, s’amuse-t-on à répéter !
Mais… je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, si cette maman, et ce papa, avaient eu les outils que j’ai maintenant, ils auraient pu comprendre.

Comprendre que :
- un enfant de 3 ans ne sait pas gérer ses émotions, et il a besoin que les adultes l’aident dans cet apprentissage.
- on ne peut pas être à l’écoute de son enfant lorsque l’on est aux prises avec ses propres émotions. Un temps de pause pour le parent est bien souvent nécessaire pour retrouver son calme et pouvoir être à l’écoute de son enfant.
- peut-être auraient-ils pu poser des questions à leur enfant, pour comprendre ce qui était compliqué pour lui. Et préparer la visite, afin que l’enfant connaisse les règles de conduite.
- un câlin est toujours plus efficace que des cris et des menaces.
Et bien d’autres choses encore.
Je fais le souhait que chaque maman, chaque papa puisse un jour avoir à sa disposition ces outils, et avoir le choix de réellement faire ce qu’il Veut avec ses enfants, et non plus ce qu’il Peut.